On a pu lire ça et là les avis de joueurs n'hésitant pas à hurler au jeu sur-hypé. Voilà qui a de quoi soulever des questions quant à leur appréciation de ce qu'ils prétendent pourtant être leur passion. Des questions comme "Mais vous avez des goûts de chiotte, ou quoi ?"
On ne va pas y aller par quatre chemins. Okami est un pur chef-d'oeuvre, quel que soit l'angle par lequel on aborde sa critique. Le titre de Clover se paye le luxe d'être quasiment sans défauts, tout en proposant une aventure bourrée de poésie, tant au niveau graphique qu'en termes narratifs. Une jouabilité sans faille, exploitant à merveille les principes classiques du genre action/aventure à la Zelda tout en y ajoutant l'incroyable mécanique du Pinceau Céleste, un design parfait, une durée de vie importante, de l'humour, un ton véritablement grand public dans le bon sens du terme, une musique mélangeant habilement modernisme et tradition japonaise : ne pas jouer à Okami de bout en bout serait un crime pour tout passionné qui se respecte. Et là, tout est dit.
C'est tout ? T'as fini ?
Ouais, franchement, je pourrais m'arrêter là, je crois que j'ai été assez clair : jouez-y. Ca tue. Oubliez un instant les Xbox Toissenssoissante, les Wii et autres PlayStation 3, pas besoin de ces simulacres de révolution. J'irai même jusqu'à dire que Okami est peut-être le plus grand jeu sorti en 2006 (pour sa version américaine). Le pitch : une sombre menace s'abat à nouveau, bien des siècles après sa dernière venue, sur le monde d'Okami. Dans la peau d'Amateratsu, divinité à la forme lupine, le combat contre ce Mal rampant vous demandera de retrouver d'abord vos pouvoirs originels incarnés dans le Pinceau Céleste, pour redonner des couleurs au monde et repousser puis détruire la malédiction de cette sombre menace. Toujours à votre disposition, cet artefact permet d'interrompre à chaque instant le déroulement du jeu, pour tracer des motifs aux propriétés bien utiles à l'écran. Un simple trait barrant un ennemi se transformera en coup de sabre, un cercle tracé dans le ciel fera se lever le jour ; autour d'un arbre mort il le fera refleurir. Treize techniques devront être rassemblées tout au long de l'aventure, avant la confrontation finale tant attendue.
Okamille et une quêtes
La réunion des techniques du Pinceau Céleste n'est qu'une des nombreuses voies qu'il faudra explorer pour fortifier Amateratsu. Au fur et à mesure de l'exploration de nouveaux territoires, après la malédiction levée en ces lieux, les habitants reprendront leurs droits, chacun avec leurs problèmes et leurs petits services à vous demander. En les rendant, mais aussi en nourrissant les animaux sauvages, en réussissant des mini-challenges, vous amasserez de la croyance. Celle-ci pourra être redistribuée façon RPG pour augmenter la jauge de vie, le nombre de vies ou encore la réserve d'encre d'Amateratsu. De l'argent glané au hasard de vos pérégrinations, en vendant des objets à collectionner, des poissons à pêcher ou encore en multipliant les combats permettra de se doter de nouvelles armes, d'acheter divers objets utiles. Les démons que vous combattrez ont leurs forces et leurs faiblesses. En les exploitant, vous pourrez amasser également des Crocs de Démon, à échanger contre d'autres objets très utiles. Et ce n'est qu'un aperçu de tout ce qu'il y a à découvrir dans Okami.
Okamirifique
Sans trop en révéler de plus (on n'aime pas trop les spoilers ici, surtout sur les grands jeux), sachez simplement qu'Okami est vaste, riche, bourré de mécaniques secondaires, de lieux et d'objets secrets. Il surpasse la référence Zelda sur bien des points pour les vieux routards du genre comme pour les autres, tant il regorge de choses à faire, chacune plus plaisante que la précédente. Je sais, dit comme ça, ça fait sur-hypé. Mais à force, on commence un peu à connaître les canons de la moissonneuse à thune made in Nintendo, les objets qui nous manquent (Boomerang ici, arc là, etc.), et à l'exception peut-être de Twilight Princess, les surprises n'ont plus la même saveur depuis des années, il faut le reconnaître (me sautez pas dessus, hein, ça reste super trop bien les Zelda. Enfin si vous avez des seins, vous pouvez me sauter dessus). Bref en un mot comme en cent, imaginez-vous retrouver le plaisir de votre premier Zelda, et ça vous donnera une idée de ce qu'Okami a à offrir. Le tout enveloppé dans un graphisme façon estampe japonaise de toute beauté, des combats beaucoup plus profonds et intéressants qu'on aurait pu croire, des musiques sublimissimes... Que dire de plus ?
Au final, Clover livre donc, juste avant de disparaître, un titre comme on les rêve : beau, infiniment jouable, riche et profond, long, dont le propos éclairé promeut autant poésie et écologie que des thèmes plus matures rappelant, quoique en filigrane, ceux développés par Miyazaki dans Mononoke Hime... Clover est mort, vive Clover !